Donjon St Louis Aux armes ! - Le Donjon St Louis sous attaque par les barbares! Tranquille et cocasse, le petit fortin sur la colline qui surplombe l'embouchure du Grande Rivière Nord-Ouest, subit actuellement une attaque d'un nouveau genre - pour la première fois depuis son existence il y a deux siècles et demi, il est agressé de l'intérieur. Dix pour cent de la population de Maurice passe sur le ruisseau St-Louis tous les jours, en entrant et en sortant de Port Louis sur la route de Coromandel. Il suffit de lever les yeux et nous apercevons un bijou de l'héritage national. Les murs qui encerclent le Donjon, pierres de basalte levées et placées par les premiers mauriciens, pour la défense de leur île contre l'ennemi britannique. La plupart des canons a disparu depuis longtemps ; il en reste un seul, placé quelques centaines de mètres, à l'entrée de Cité Vallijee. La colline, habillée de fataques, toute dorée en hiver, vire au vert aux premières pluies d'été. Derrière la colline, en sécurité, se trouve une poudrière d'une capacité de quarante barils, capable de pourvoir cet aliment mortel de l'artillerie placée devant... Ceci ne plaît nullement à certains qui veulent habiller la fortification à la mode du jour, et qui, en voulant bien faire, mélangent les problèmes avec une insouciance qui me révolte, et finissent par avoir raison de notre patrimoine national. Le Donjon et sa colline font partie du patrimoine national, protégés par la loi. C'est avec angoisse que je lis la désinvolture de Madame Elena Dassaye, architecte et conceptrice du plan de réhabilitation de ce « projet d'une grande envergure » (Le Mauricien 13 février). Quelle honte que d'avoir déjà coulé des tonnes de béton comme des pistes d'atterrissages. Honte, d'avoir enlevé des pierres de taille des remparts et les avoir mal placées comme vulgaires marches. Honte, d'avoir érigé un kiosk en béton et tuyaux galvanisés sur la place forte ! Honte, de n'avoir pas réparé et remplacé les magnifiques pierres cornières enlevées avant d'avoir coulé du béton partout. S'est-on seulement renseigné sur l'histoire du site ? Avant même de commencer une nouvelle construction, a-t-on pensé réhabiliter la structure existante ? Pourquoi construire des murs additionnels en blocs de ciment entre les murs solides de l'époque au risque de déformer l'authenticité du site ?
Qui a autorisé ce massacre ? La loi (Article 13 du NHF Act 2003) stipule clairement que: "Any owner of a national heritage who intends to alter structurally or make any addition to any national heritage shall - (a) give notice, in writing, of his intention to do so to the Director; and (b) not commence any alteration or addition to the national heritage unless the Board has, with the approval of the Minister, authorised the said alteration or addition" ? Car il s'agit bien d'un massacre contre toutes les normes d'esthétique, et d'un flagrant manque de respect envers l'histoire du site. Sait-on seulement que le fortin s'appelle aussi « Batterie Montaudevert » ? A-t-on mis au rencart Ripaud de Montaudevert, corsaire et marin qui a séjourné chez le sultan Tipu-Saib à Mysore, et qui fut par la suite fortement critiqué par le gouverneur Malartic pour avoir encouragé le sultan dans ses faux espoirs d'un secours de l'île de France ? Montaudevert qui a hissé ses canons dans le fort et par son feu, a contraint une corvette anglaise à s'éloigner, dans la baie de la GRNO en 1810, doit se retourner dans sa tombe. Quand le ministre du tourisme déclare avec conviction que le pays va célébrer une semaine du patrimoine en août, je me demande de quel patrimoine et de quelle histoire il s'agit quand on a si peu de respect pour l'environnement. Ce qui est ancien est en train d'être détruit souvent par ignorance, mais parfois intentionnellement car on accorde si peu d'importance à l'histoire. Allez visiter l'aqueduc de Labourdonnais derrière le Donjon, des années 1740, refait par Thomas Dayot en 1784, et pleurez ! Nombreux sont ceux qui ont plaidé pour la réfection de cette structure splendide dans les années 80 - rien a été fait, et le canal d'origine a presque disparu. La batterie Conti sur la plage du Sable Noire est inexistante. Les restes des magnifiques casemates du Fort Victoria, anciennement la batterie Condé, sont en voie de disparition -une objection (pour l'EIA) déposée en bonne et due forme au Ministère de l'Environnement n'a même pas reçu un accusé de réception. - un projet de développement a reçu le feu vert cette semaine, et la base militaire, en briques et dur, du 19e siècle, va disparaître. Sur l'autre rive de la rivière la batterie d'Anjou avec sa tour Martello, est attaquée par les lafouches, sans la moindre protection du département de l'état de qui elle dépend. Aux armes citoyens, le Donjon St. Louis est sous attaque ! Si ce projet de madame Dassaye, sûrement bien-intentionné « Nous n'avons qu'à réhabiliter tous les sites et monuments historiques et les intégrer dans un projet visant à revaloriser la région » n'est pas immédiatement arrêté pour être mis sous un contrôle professionnel et compétent, la Grand Rivière va certainement perdre ce qui lui reste d'authenticité et de valeur historique. Et voir bétonner 250 ans d'histoire. Un C itoyen Pierres remplacees par beton, pierres des remparts utlsees comme marches
Le Donjon d'hier
Kiosk du beton et tuyaux galvanisees
Donjon St Louis, plan d'origin 1759 |
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